Le tyran est mort, vive le chaos

31 décembre 2006

Le tyran est mort, vive le chaos

Le procès de Saddam Hussein, qui s'est déroulé devant une cour irakienne plutôt que devant un tribunal international, presqu'en catimini, n'aura pas permis de faire la lumière sur les relations ambiguës que le dictateur irakien a entretenu dans les années 70/80 avec la France (reçu en grandes pompes par le couple Giscard-Chirac en 75 lors de la vente de centrales nucléaires), avec l'Allemagne et les Etats-Unis (armement chimique pendant le conflit avec l'Iran), lors du massacre des kurdes (passivité générale). Après l'exécution du dictateur irakien, l'Europe, le Vatican et les Nations Unies ont réaffirmé leur opposition à la peine de mort. Une réaction humaniste qui leur permet de se dédouaner à bon compte de leurs responsabilités dans la crise irakienne.

Saddam Hussein été pendu le 30 décembre au petit matin, pendant la période de l'Aïd. Lors de cette fête, les musulmans commémorent le souvenir d'Ibrahim à qui Dieu avait demandé de sacrifier son fils unique. Pour montrer sa soumission à Dieu (muslim = soumis), Ibrahim s'était résolu ce sacrifice, mais Dieu l'a arrêté dans son geste et lui a demandé de sacrifier un mouton à la place de son fils. Au delà du sacrifice animal, c'est le partage de la viande du mouton qui est l'acte important de l'Aïd. Il est l'occasion pour les croyants d'éprouver leur piété et leur générosité."Nous souhaitons affirmer que l'Aïd est un jour de joie et de réconciliation, pas un jour de vengeance", cette exécution ne sera pas suffisante pour sortir l'Irak des crimes et des attentats qui ont fait plus d'une soixantaine de morts irakiens le jour même de la pendaison (+ de 50 000 depuis le début du conflit). Rien n'a changé depuis la destitution du raïs, le sang coule toujours en Irak. L'occupation américaine n'a rien réglé : elle n'offre que le chaos comme alternative à la dictature sanguinaire du parti Baas. Bush persiste à croire que la démocratie se décrète et qu'elle peut être vendue clé en mains comme une raffinerie de pétrole. a déclaré le président afghan Hamid Karzaï. Le choix de la date de la mise à mort est donc pour le moins curieux. Maladresse ou provocation, il y a certainement une signification.

C'est une étape importante sur le chemin qui fera de l'Irak une démocratie capable de se gouverner, de subvenir à ses besoins et de se défendre, tout en étant un allié dans la guerre contre le terrorisme", a souligné le président américain dans un communiqué.

Pour les conservateurs américains, les intérêts des compagnies d'exploitation pétrolières et des industries de l'armement priment sur les vies de ses concitoyens (perte de l'armée US : entre 2 000 et 20 000 selon les sources). En invoquant Dieu, le sien, G.W Bush s'entête à pourchasser le Grand Satan en terre d'islam. Mieux, après l'Afghanistan et l'Irak, le gouvernement US multiplie les mises en garde envers l'Iran.

dossier Wikipédia sur la troisième guerre du Golfe : consulter