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Citizen lambda
10 août 2008

Le chant des sirènes

Le Loch pris de Nuage --> Cliquer pour agrandir l'image

Embarquer sur le Nuage de Pol, partir en mer et laisser derrière soi le plancher des vaches. Vaches de vie dont on n'a toujours pas appris à esquiver les sournois coups de corne. Corne d'une brume dans laquelle on se retrouve soudain déboussolé, sans cap à tenir faute de fiable amer. Amer de voir ses illusions s'échouer tels des bois flottés, usés et décapés par les flots. Flots de larmes et de sanglots qui laisseront des traces qu'on sait déjà indélébiles. Biles qui remontent comme une marée tenace capable de ternir la patine du temps passé.

Faire le sac pour deux semaines en espérant que prendre le large permettra aussi de prendre de la distance. Mais Eole et Neptune sont toujours aussi mal embouchés. Comme l'année dernière, ces deux rabats-joie semblent résolus à nous pourrir l'été en déversant régulièrement leurs cargaisons de flotte et de zef sur notre pointe ouest. Interdits de large où les coups de tabac rôdent, on met le cap sur des Glénans étrangement désertés. En ce début d'août frileux, l'archipel retrouve alors sa farouche beauté d'hors saison.

Superbes balades, délicieuses marinades, larges rasades, belles déconnades, complices camarades... Tous les ingrédients d'un bonheur simple et facile semblaient être réunis, mais il y a cette humeur envahissante qui demeure entre ventre et poitrine empêchant la convivialité des amis de devenir contagieuse. Je n'en dirai pas autant des dépressions qui balaient le Finistère : les cris stridents des oiseaux marins évoquent vraiment trop le destin qui ricane.

Quelque chose s'est brisé à senestre. Si brutalement, si nettement, qu'on se demande comment on pourra encore écouter le chant des sirènes.

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