Golden Voice
Ce fut AC qui me fit découvrir Léonard Cohen. Il y a de cela plus de trente ans. Au début de l'été 74 dirait ma pauvre mémoire. Je m'étais rendu chez elle en mob de Recouvrance jusqu'à La Trinité. First date with her. Dans sa chambre qui sentait l'encens, elle me remit les paroles de plusieurs chansons dont "Famous blue raincoat" qu'elle avait retranscrit à l'encre noire sur papier machine. Songs from a room qui allaient marquer le début d'une longue histoire.
Malgré une indéfectible fidélité de trente ans, lundi soir était ma "première fois". Dire que j'attendais ce moment avec impatience relèverait de l'euphémisme. Pour la plupart, pénétrer dans la grande salle du Zénith avait tout de la cérémonie. Avant même que soient jouées les premières notes, l'entrée en scène du poète canadien a fait se lever les fidèles d'un même élan. Ferveur et émotion. Pilosité érectile et larmes aux yeux. Dès les premières mesures, sa voix grave et juste nous a captivés pour ne plus nous lacher.
Les ans n'ont en rien altéré la célèbre "voix d'or". Pendant trois heures, accompagné par six musiciens et trois choristes cristallines, Léonard Cohen a envouté le public nantais qui a alterné silences émus et standing ovations. Sous des éclairages superbes, le chanteur a livré des interprétations tout en délicatesse et en recueillement, servi par un son de grande qualité qui laissait toute la place à sa voix bouleversante.
Avant son départ en tournée, Léonard Cohen, ruiné par son ex-manageur Kelley Lynch, avait avoué avoir besoin de ces spectacles pour se refaire un coussin financier. On serait presque tenté de remercier Kelley de sa forfaiture qui nous a valu ce concert de toute beauté ...
... et, pirouette du destin, de joyeuses et pétillantes retrouvailles avec AC.