Cartographie des nuages

Dans "Cartographie des nuages", David Mitchell effectue un étourdissant va et vient entre un épisode peu glorieux du XVIIIe siècle et un futur post-apolcalyptique et dictatorial. Les conflits ethniques, les abus de pouvoir et l'asservissement servent de fil directeur à des récits qui, à première vue, semblent n'avoir aucun rapport.

Cette première impression est renforcée par la multitude des formes narratives utilisées par l'auteur. "Cartographie des nuages" est un véritable kaléidoscope littéraire qui emprunte tour à tour, avec verve, la forme d'un roman d'espionnage, de science-fiction, de courrier intime, de mémoires, de récit d'aventures ou de scénario burlesque.

L'écriture belle et riche peut parfois agacer dans ses excès de virtuosité. Mais David Mitchell possède un talent exceptionnel de raconteur d'histoires. Au fil des 659 pages du roman, on traverse les époques, on passe d'un point du globe à l'autre avec la même avidité de lecture.

"Cartographie des nuages" est le nom éponyme de l'œuvre de Robert Frobisher (un des personnages). Et, comme l'oeuvre littéraire, elle est construite sur le même schéma de six solos enchassés. On ne peut sortir qu'ébloui par cette fresque monumentale née de la plume d'un virtuose. Mais ce qui donne sa profondeur au roman, c'est cette vision de notre civilisation que nous livre l'auteur : lucide sur son passé et cohérente quant à son avenir.

Biz à Paul LR pour la découverte