Publicité
Citizen lambda
10 août 2009

Paris-Brest

Tanguy_VIEL_HB

C'est assez rare pour être signalé : trois heures passées sans fumer un clope. Et le matin qui plus est, alors qu'après la nuit, le besoin de nicotine est souvent si fort qu'il doit être satisfait avant celui du café.

Le responsable de cette inhabituelle abstinence matinale est un bouquin, acheté pour son seul titre, et qui restait en attente de lecteur sur une étagère. La matinée était grise et s'annonçait flemmarde. Effectivement, elle se transforma en grasse mat prolongée en compagnie de la captivante écriture de Tanguy Viel.

"Paris-Brest". Le titre est accrocheur. Pour moi en tous cas. Avec l'éclair au café, le Paris-Brest est mon gâteau préféré. Brest est aussi ma ville. Brest-même où j'ai passé dix-huit ans entre Kérangoff et Saint-Martin. Une ville géométrique et grise, où s'engouffre le vent d'Ouest le plus souvent chargé de pluie. Un port dédié à la Marine Nationale qui à coup de sirènes imprime son rythme à la cité et s'immisce dans tous les arbres généalogiques du nord Finistère. Une ville où il faut sans doute avoir vécu, et même y être né, pour pouvoir dépasser sa laideur et l'apprécier.

Et puis, il y a la maison familiale battue par les vents de la côte Nord, le vol foireux dans le supermarché, le faux braquage de mémé, le square Kennedy et le Cercle Naval, la vue sur la rade, le Stade Brestois et ses magouilles, le pote mauvais génie qui entraîne dans les 400 coups, les histoires de famille pleines de non dits et de qu'en dira-t-on, d'argent et d'héritages... Même Palavas les Flots ! C'est vous dire si ça résonne. Les images sont bien réelles. Imprimées dans la mémoire, elles ont été révélées par la lecture de ce roman. J'ai eu l'impression de lire l'histoire d'un pote dont j'avais oublié l'existence.  Et parfois même que l'auteur avait pillé mes souvenirs. Alors, peut-être ai-je l'esprit moins critique.

L'écriture est très fluide, on se laisse porter par les mots de Viel. Dialogues, narration et monologue s'enchaînent sans rupture, comme si l'auteur confiait oralement à son lecteur une confession teintée d'un humour nostalgique. Forcément pudique et cruel, comme aurait pu dire Marguerite. L'intrigue est simple mais imbriquée à souhait pour que les rebondissements savamment distillés au fil des 175 pages maintiennent le suspens . C'est un roman noir, l'autobiographie d'un écrivain en devenir, le portrait d'une ville, un roman familial, un règlement de comptes.

Un livre qu'on ne lâche pas : première clope à 13h 45.

Lien Tanguy Viel parle (très bien) de Paris-Brest (librairie Dialogues à Brest)

Biz à Isa pour la trouvaille

Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 214 919
Publicité