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Citizen lambda
25 octobre 2009

Bouton pression

Bercy, qui avait déjà refusé d'entrer au capital des banques auxquelles il avait "prêté" de l'argent, manifeste à nouveau sa réticence à s'ingérer dans les finances des établissements bancaires. "Il n'est pas question de prendre une mesure à caractère national qui plomberait le système bancaire français, qui s'est bien comporté pendant la crise." En effet, nos banques se sont bien comportées. La guérison tient du miracle. Elles qu'on croyait à l'agonie en septembre annoncent des bénéfices en novembre. Mais la FBF est catégorique : les banques vont mieux mais elles ne sont que convalescentes. Impensable donc qu'elles aient à cracher au bassinet, cela ne pourrait qu'affaiblir leur capacité à investir et à financer entreprises et particuliers. Cédant à la menace à peine voilée, Christine Lagarde a annoncé la couleur dès lundi : pour rejeter l'amendement, il faudra appuyer sur le bouton CONTRE.

Pourtant, vendredi, cet amendement qui instaure, pour 2010, une taxe exceptionnelle de 10% sur les bénéfices des banques a été adopté par 44 voix contre 40. Juste retour des choses comme le déclarait président socialiste de la commission des Finances, Didier Migaud : "L'Etat ayant joué le rôle d'assureur de dernier ressort au cours de la crise bancaire de l'automne 2009, il est normal qu'il reçoive la contrepartie de cette couverture exceptionnelle en faveur de l'intérêt général". Cette proposition avait eu des échos favorables au Nouveau Centre et même à l'UMP et, finalement, le résultat du vote n'avait  rien de surprenant. Pas pour le gouvernement qui le juge irrecevable. Un député ça doit voter en appuyant sur le bouton prévu. Et, il n'y a pas eu le compte de boutons prévus.

C'est à l'élu UMP Jean-François Lamour qu'est revenue la charge d'endosser le costume de Super-gaffeur pour voler au secours du gouvernement en expliquant avec embarras à France Info qu'il votait pour lui-même et un autre député. Dans la précipitation, il aurait "appuyé sur le mauvais bouton". Une mauvaise touche, cocasse pour un ancien escrimeur. En fait, ça fait deux mauvaises touches pour le maladroit : la sienne et celle de l'absent. Donc, ça fait pile 42/42. Match nul, balle au centre, faut revoter. Le gouvernement invoque "l'erreur technique" et indique qu'il demandera, dès lundi, à l'Assemblée nationale d'annuler cet amendement par un nouveau vote.

J'étais loin de me douter que c'était si compliqué de voter à l'Assemblée Nationale. Naïvement, je pensais que trois boutons suffisaient : POUR - CONTRE - ABST. Sans doute pas, si on prend en compte les intentions de vote, il y a des nuances. Pour son coup double, Lamour a pu utiliser sciemment le  POUR comme un bouton pression. Histoire de montrer au gouvernement qu'une majorité n'est pas forcément acquise. Une petite estocade, une toute petite, portée par la droite gaulliste à la droite financière.

Machine à voter : cliquer pour agrandir l'image

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Commentaires
R
excellent, cette guéguerre des boutons !
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