Espérance de vie
A sept heures du mat, j'ai rarement les yeux en face des trous,
alors quand j'ai enfilée la Berthe aux Grands Pieds
elle m'est apparue tout à fait digne d'être mise.
Mais dès les premiers pas dans le ribin pentu et boueux,
mon gros orteil fureteur a déniché un petit orifice
qu'il a aussitôt agrandi pour mieux s'y faufiler.
Pure laine vierge, confortables et lookées
ces renifleuses réputées pour leur qualité
ont néanmoins un talon d'Achille à leur extrémité.
La pointe qui se devrait être renforcée s'avère en fait
aussi fine, si ce n'est plus, que le reste de la grimpante.
C'est sans doute pour cause de désuétude planifiée.
Cette obsolescence programmée par les industriels
pour vendre des produits à faible espérance de vie
qui permettent de pérenniser les taux de production,
d'augmenter les déchets et, paraît-il, de créer de l'emploi.
A moins qu'une couturière ne se dévoue,
il ne me reste plus qu'à la recycler
en chaussette pour tongues.