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Citizen lambda
10 février 2008

La femme en vert

Arnaldur Indridason

Cela faisait un bon moment que je n'avais pas lu de polar. Le dernier en date était un Fred Vargas. Mais je l'ai vite laissé tomber, quatre-vingt pages tout au plus. Les ficelles devenaient trop voyantes, le décor avait un gôut de carton pâte et les personnages manquaient vraiment d'étoffe.

Mais il y avait plus longtemps encore que je n'avais dévoré un livre d'une seule traite.     Samedi dernier, j'ai remedié aux deux en demeurant captif du canapé six heures durant, littéralement envoûté par "La femme en vert". Un exceptionnel roman noir d'Arnaldur Indridason, qu'émerveillé et ému, j'ai achevé vers deux heures du mat.

Le thème de la mémoire est le fil conducteur de l'intrigue. Elle se déroule au rythme de la lente exhumation d'un squelette par une équipe d'archéologues commissionnée par Erlendur, un policier mélancolique et méticuleux qui remonte le fil du temps jusqu'à la seconde guerre mondiale pour recomposer la destinée d'une femme et ses trois enfants. Terrible mais captivante histoire de cette femme soumise aux violences conjugales de l'homme frustre avec lequel elle vit et qui la détruit à coups de poing, de pied et de mots.

A la manière d'un Mankell qui met en scène Wallander, l'histoire du policier apparaît en filigranne tout au long du récit, l'échec de sa vie conjugale et ses difficultés à tenir son rôle de père. Plus largement, tout au long du roman, Indridason aborde les difficultés de la vie en couple et les dommages collatéraux qu'ils peuvent causer aux enfants. Le constat n'est guère optimiste. Comme l'est d'ailleurs le portrait d'une Reykjavik âpre et froide où, à soixante d'écart, se déroulent intrigue et enquête.

La construction du roman est de facture classique : des histoires parallèles alternent de chapitre en chapitre sur un rythme ternaire puis binaire, toujours haletant, pour s'unir dans un final tragique et surprenant. L'écriture concise et juste d'Arnaldur Indridason révèle de manière crue et poignante les aspects sombres de la nature humaine. Un livre dense qui reste en mémoire tant sont attachants les personnages et bouleversants leurs destins.

C'est avec ravissement qu'hier j'ai découvert chez Ravy que les deux premiers romans d'Arnaldur Indridason avaient été édités en poche et que "L'homme du lac", écrit en 2005, venait d'être édité chez Métaillié.

Perspective de nuits blanches ... 

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