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Citizen lambda
13 août 2009

Preuve accablante

Les bonnes résolutions du début d'été ont fait long feu. Comme d'hab, pourrons se désoler les maniaques du boulingrin, des haies rectilignes et des parterres démauvaisherbés. Mais il y a des circonstances atténuantes qui expliquent ce coupable laisser-aller. Pour dire vrai, j'ai même l'impression que les évènements se sont une nouvelle fois ligués pour m'empêcher de me livrer à mes activités de jardinage.  Constance des pluies estivales qui ont généreusement abreuvé notre Far West (3 étés sous Sarko = 3 étés sous l'eau), tondeuse cacochyme qui a fini par rendre l'âme dans un hoquet de fumée épaisse et noirâtre ont encouragé la flemme incurable du vacancier au long cours. Flemme qui, été faisant, s'instaure en art de vivre et fait de "tomorrow maybe" ma devise quotidienne. Le jardin nickel de fin juin est donc devenu jungle de début août. Evidemment, cela fait le bonheur des félins du quartier qui, grâce aux hautes herbes, trouvent dans mon jardin le terrain de chasse idéal pour assouvir leurs bas instincts de prédateur.

Le lieu du meurtre : cliquer pour agrandir l'image

Ce matin, le ciel est gris. Mais d'un gris si clair qu'on peut raisonnablement envisager d'étendre le linge en plein air. On décroche celui éternellement humide qui végète dans la cave, on vide la toute dernière machine et, panier de linge qui fait son poids en mains, on s'aventure pieds-nus dans la jungle humide. C'est sous le pommier colonisé par une glycine qu'une vision de carnage aviaire confirme qu'on est bien dans la jungle, la vraie. Aux plumes éparses, pennes et duvet, on identifie tout de suite la victime. Un des ramiers qui fréquente le jardin vient de se faire dégommer. Mais cela reste une supposition car il n'y a  aucune trace du cadavre sur ce qui semble être les lieux de l'agression. La victime aurait-elle été bouffée sur place ?

Survient la suspecte n° 1, la chatte de la maison qui passe justement par là. A pas mesurés, presque suspicieux, dans l'herbe mouillée. L'air de rien. Elle ne semble même pas remarquer les plumes d'oiseau dans l'herbe. Manifestement, ce n'est pas son problème, ça ne l'intéresse pas du tout. Il est vrai qu'elle a treize ans et qu'à son âge avancé on doit aspirer davantage aux longues siestes qu'aux traques acharnées. Cet air post-connerie, indifférent et blasé, a bien failli faire illusion et  j'allais reporter mes soupçons sur le matou rouquin ou sur le siamois de la voisine quand en caressant la tête de ma chatte, je me suis aperçu que ce que j'avais d'abord pris pour des brindilles et qui est fixé à un poil de sa moustache est en fait une légère plume de duvet.

Suspect n°1 : Cliquer pour agrandir l'image

Je ne lui ai fait aucun reproche. Ce n'est pas à son âge qu'on change. Et puis, je dois dire que ça m'a réconforté de savoir qu'elle avait encore assez de vivacité pour chiquer un ramier. Néanmoins, notre chatte n'a pas pu boulotter un pigeon entier et ne laisser que quelques plumes. Sa dose quotidienne de croquettes lui suffit largement. Le mystère du cadavre absent demeure donc. La bête blessée a du tenter de se réfugier dans un coin. Peut-être a-t-elle même réussi à s'enfuir ? C'est alors que je perçois un léger mouvement, d'aile peut-être, sous une des spirées de la haie. Le ramier est là, les premières mouches vertes aussi. Son oeil est déjà fixe et écarquillé mais l'aile gauche et la tête frémissent encore.

  L'innocente victime : Cliquer pour agrandir l'image

Il me faudra un bon moment avant de me résoudre à aller chercher un maillet dans la cave pour fracasser d'un coup d'un seul la tête du pigeon. A deux mètres de moi, la chatte de la maison assiste à la mise à mort. Couchée dans l'herbe, plume ornant encore sa moustache, elle semble toujours aussi peu concernée par ce qui se passe.

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Commentaires
E
c'est la nature mais je trouve morbide de mettre ces photos...
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